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Critique

«Le monde nazi» de Chapoutot, Ingrao et Patin : une synthèse bienvenue malgré une conclusion discutable

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Brillante, la somme des trois historiens du nazisme se veut un ouvrage de référence. Mais elle est entachée par quelques erreurs factuelles et une conclusion qui voit dans le capitalisme néolibéral la continuation du nazisme.
Le camp nazi de mise à mort Treblinka en 1944, situé à l’est de Varsovie, où près de 900 000 personnes presque toutes juives ont été assassinées entre 1942 et 1943. (Alexander Kapustyanskiy/SIPA)
publié le 22 octobre 2024 à 16h30

Pavé de 600 pages, le Monde nazi, 1919-1945 est un livre bienvenu pour s’y retrouver dans l’océan des publications sur le nazisme, source d’une fascination toujours intacte près de quatre-vingts ans après la chute du régime. «Une synthèse comme celle-là, il n’y en avait pas en France, pour les enseignants du secondaire et le grand public», justifie l’historien Nicolas Patin, l’un des coauteurs, avec Christian Ingrao et Johann Chapoutot, par ailleurs chroniqueur à Libération. La commande de l’éditeur Tallandier était d’ailleurs d’écrire un manuel, avant que le projet n’évolue vers cet ouvrage richement illustré qui s’adresse à un public plus large.

Le titre, le «monde nazi», renvoie non à la géopolitique, mais à la «vision du monde» que ces trois spécialistes d’histoire culturelle ont exploré dans leurs travaux, chacun à leur manière – Chapoutot, avec la Loi du sang. Penser et agir en nazi (2014) ; Ingrao avec Croire et détruire. Les intellectuels dans la machine de guerre SS (2010) ; et Patin dans sa thèse sur les députés sous la République de Weimar, puis sa biographie Krüger, un bourreau ordinaire (2017).

Comment un parti de 50 000 adhérents qui récolta à peine 2,6 % des voix en 1928 a-t-il pu, cinq ans plus tard, se retrouver à la t