Pavé de 600 pages, le Monde nazi, 1919-1945 est un livre bienvenu pour s’y retrouver dans l’océan des publications sur le nazisme, source d’une fascination toujours intacte près de quatre-vingts ans après la chute du régime. «Une synthèse comme celle-là, il n’y en avait pas en France, pour les enseignants du secondaire et le grand public», justifie l’historien Nicolas Patin, l’un des coauteurs, avec Christian Ingrao et Johann Chapoutot, par ailleurs chroniqueur à Libération. La commande de l’éditeur Tallandier était d’ailleurs d’écrire un manuel, avant que le projet n’évolue vers cet ouvrage richement illustré qui s’adresse à un public plus large.
Le titre, le «monde nazi», renvoie non à la géopolitique, mais à la «vision du monde» que ces trois spécialistes d’histoire culturelle ont exploré dans leurs travaux, chacun à leur manière – Chapoutot, avec la Loi du sang. Penser et agir en nazi (2014) ; Ingrao avec Croire et détruire. Les intellectuels dans la machine de guerre SS (2010) ; et Patin dans sa thèse sur les députés sous la République de Weimar, puis sa biographie Krüger, un bourreau ordinaire (2017).
Comment un parti de 50 000 adhérents qui récolta à peine 2,6 % des voix en 1928 a-t-il pu, cinq ans plus tard, se retrouver à la t