Du «Caucase au Panthéon». Les noms de Manouchian et de ses camarades, lus par l’acteur Serge Avédikian, claquent dans la nuit. Derrière lui, en bas de la rue Soufflot, les dix visages de l’Affiche rouge. Les soldats de la Légion étrangère, comme lui des «Français de préférence», soulèvent les cercueils de Missak et Mélinée, recouverts des drapeaux tricolores, et la procession remonte lentement la rue Soufflot, comme le veut cette liturgie laïque qui remonte à 1791. Sous la pluie, la foule applaudit au passage du couple de résistants. Sa vie, cette «odyssée du XXe siècle», selon la formule d’Emmanuel Macron, est narrée à travers trois stations, marquant les grands chapitres de la vie de Manouchian. Le génocide arménien, l’exil et l’arrivée à Marseille, l’engagement au Parti communiste et ses lectures à la bibliothèque Sainte-Geneviève, ses poèmes, des années d’insouciance, sous le Front populaire, de bohème heureuse, malgré les soucis matériels.
Récit d’une vie interrompue à 37 ans
Le silence enveloppe le cortège, seulement rompu par la Complainte des partisans, le chant d’Anna Marly et Emmanuel d’Astier de la Vigerie, écrit à Londres en 1943 : «Le vent passe sur les tombes /La liberté reviendra /On nous oubliera /Nous rentrerons dans l’ombre.» Le récit de cette vie interrompue à 37 ans