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D-Day

Mariage à Carentan, Tom Jones, passage à la douane pour les paras britanniques… Les moments forts des commémorations du débarquement

Le débarquement, 80 ans aprèsdossier
À l’occasion du 80e anniversaire du Débarquement qui se déroule ce jeudi 6 juin, de l’Angleterre à la Normandie, «Libération» a compilé les instants forts des cérémonies de commémorations du 6 juin 1944.
Les Red Arrows effectuant un défilé aérien lors de l'événement commémoratif national du 80e anniversaire du jour J, à Portsmouth, Angleterre, le mercredi 5 juin 2024. (Cpl Phil Dye/Crown Copyright. AP)
publié le 6 juin 2024 à 16h32
(mis à jour le 6 juin 2024 à 18h29)

De Portsmouth à Bayeux, les Britanniques se souviennent

Il y a 80 ans, la ville de Portsmouth, comme le reste du sud de l’Angleterre, était transformée en un gigantesque camp militaire. La cité portuaire fut l’un des points d’embarquement des forces alliées qui ont traversé la Manche pour s’attaquer à la «forteresse Europe» et percer les défenses du mur de l’Atlantique. Abritant aujourd’hui le quartier général de la Royal Navy, la ville a rendu ce mardi 5 juin un hommage aux combattants partis libérer la France. A bord du ferry Mont saint Michel, des vétérans ont fait la jonction entre les rives de l’Albion et les côtes normandes. Pour Roy Hayward, qui a débarqué en Normandie à l’âge de 19 ans, cette journée est l’occasion de se souvenir de ceux qui se sont «battus pour la démocratie». Aujourd’hui âgé de 98 ans, le vétéran rappelle qu’il est important de «veiller à ce que leur histoire ne soit jamais oubliée».

Plus tard dans la soirée, le ciel de Portsmouth s’est illuminé pour un spectacle de drones. On y voit pèle mêle un Tommies de profil, un avion Spitfire fendant le ciel ou encore un parachute tombant dans la nuit.

De l’autre côté de la Manche, à Bayeux en Normandie, c’est le cimetière militaire britannique de la ville qui s’est illuminé de bougies. Parmi les 18 cimetières de Normandie, celui de Bayeux est le plus grand. C’est là que sont enterrés les soldats tombés à Sword Beach. L’emplacement a été donné par la France au Royaume-Uni en reconnaissance des sacrifices faits par l’empire britannique durant la seconde guerre mondiale. Le cimetière regroupe les tombes de 4 648 soldats dont une majorité de Britanniques mais aussi des Canadiens, des Australiens, des Polonais et aussi des Français.

Les parachutistes britanniques passent par la douane

C’est une scène qui dénote à l’heure où on rend hommage aux Alliés. Mercredi 5 juin, en début d’après-midi, 400 militaires parachutistes anglais, belges, canadiens et français ont sauté dans le ciel de Sannerville, près de Caen. C’est dans cette zone que dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 les combattants ont été largués. Leur mission : prendre le contrôle des routes et des ponts, notamment le célèbre Pégasus Bridge de Bénouville.

Mais ce mardi au milieu des prairies du Calvados, des tables en plastique ont été disposées. Derrière, des agents des douanes françaises, soucieux de faire respecter la loi. Brexit oblige, depuis le 31 janvier 2020, les Britanniques sont forcés de montrer patte blanche et de présenter des papiers en règle afin d’entrer sur le territoire français. Et ce, même si on est un parachutiste. «C’est un bureau de douane déporté spécialement pour l’évènement alors qu’habituellement nous contrôlons sur nos postes frontaliers, à Ouistreham. Ils arrivent d’Angleterre, donc hors de l’espace Shengen», a souligné auprès de France 3, Jonathan Monti, chef divisionnaire de la Direction des douanes à Caen.

Mariage centenaire à Carentan

A 100 ans, Harold Terens s’apprête à passer la bague aux doigts de sa fiancée, Jeanne Swerlin. C’est dans leur maison de Floride qu’est né leur projet : profiter des célébrations du 80e anniversaire du débarquement pour se marier en Normandie. La commune emblématique de Carentan-les-Marais a accepté de célébrer le mariage. Une union symbolique puisque les futurs mariés sont étrangers et n’habitent pas la commune, mais dès leur retour aux Etats-Unis, les autorités locales pourront valider la cérémonie déroulée sur le sol français. Une soixantaine de vétérans a prévu de défiler en l’honneur des mariés devant la mairie de Carentan.

Le 6 juin 1944, jour du Débarquement, Harold Terens était en Angleterre. Opérateur radio pour un escadron d’avions de chasse, la moitié des pilotes de sa compagnie ont été abattus durant l’opération. Dès le lendemain, Terens s’est porté volontaire pour partir en mission en Normandie : porter secours aux blessés et escorter des prisonniers allemands. Comme beaucoup d’autres Américains, Harold Terens s’est engagé dans l’armée en 1941, en réaction à l’attaque japonaise sur Pearl Harbour.

En 1944, le jour de ses 20 ans, il a embarqué dans un bateau pour l’Angleterre. Après la Normandie, il a continué la guerre et enchaîné missions secrètes en Ukraine et en Allemagne. Il y a cinq ans, le vétéran a été décoré de la Légion d’honneur par Emmanuel Macron lors des cérémonies du 75e anniversaire du débarquement.

Charles III rend hommage aux soldats en français

Au mémorial de Ver-sur-Mer en Normandie, le roi d’Angleterre Charles III a pris la parole pour exprimer sa «gratitude très profonde» aux soldats «qui ne sont jamais rentrés à la maison». En français, il a déclaré, au nom de la Grande-Bretagne, que «nous ne manquerons jamais de rendre hommage au sacrifice incroyable des hommes et des femmes de la Résistance française ainsi qu’aux nombreux civils qui fournirent des renseignements essentiels, sabotèrent les approvisionnements et les communications et tendirent de cruciales embuscades».

Puis il s’est fait le porte-voix d’un vétéran britannique. «On a laissé tellement de soldats derrière nous, on ne peut pas les oublier, nous ne les oublierons jamais». Faisant référence à ce Mémorial inauguré en 2022, le roi Charles III s’est dit «si fier» d’avoir «désormais un mémorial permanent en Normandie pour se souvenir des plus de 22 000 soldats britanniques qui ont donné leur vie pendant le D-Day et les batailles de Normandie».

Tom Hanks et Steven Spielberg, invités aux cérémonies en Normandie

Mercredi 5 juin, au milieu du ballet des chefs d’Etat, l’aéroport de Caen Carpiquet a vu débarquer deux invités spéciaux sur le tarmac. L’acteur Tom Hanks et le réalisateur Steven Spielberg ont été conviés aux cérémonies du 80e anniversaire du débarquement. Ce n’est pas la première fois que les deux Américains sont présents sur le sol français pour rendre hommage aux soldats tués durant l’opération Overlord. Les deux hommes étaient déjà venus en Normandie en 2004 juste après le tournage du film «Il faut sauver le soldat Ryan».

Le film sorti en 1998 et qui a décroché cinq Oscars est de retour à l’affiche, 28 ans plus tard, dans 300 salles en France. Dans ce film, l’acteur Tom Hanks incarne le capitaine Miller, chargé quelques heures à peine après le débarquement d’une mission périlleuse derrière les lignes allemandes : retrouver le soldat James Ryan (Matt Damon), dernier survivant d’une fratrie décimée au combat.

Tom Jones pousse la chansonnette pour le D-Day

L’interprète de Sex Bomb était invité aux commémorations du Débarquement au mémorial britannique qui se sont tenues aujourd’hui à Ver-sur-Mer. Âgé de 83 ans, l’artiste britannique a entonné son titre I Won’t Crumble With You If You Fall sorti en 2021, seul, au milieu de la dalle immaculée. En face de lui, la foule venue rendre hommage aux soldats disparus durant le Débarquement mais aussi une rangée de vétérans ayant participé au D-Day.

Un vétéran attendu aux commémorations est mort

Robert Persichitti n’a pas pu revoir les plages normandes. Cet ancien combattant américain de la Seconde Guerre mondiale est mort la semaine dernière lors de son voyage pour assister aux commémorations du Débarquement allié du 6 juin 1944. Âgé de 102 ans, Robert Persichitti avait fait le voyage en avion avec un accompagnant et naviguait sur un bateau le long des côtes françaises lorsqu’il a subit une «urgence médicale», a annoncé l’association Honor Flight ce jeudi 6 juin. L’ancien combattant a ensuite été évacué par les airs mais est décédé peu après, le 31 mai. Durant la guerre, Robert Persichitti était opérateur radio pour l’US Navy à bord du navire de commandement USS Eldorado. Avant d’être mobilisé sur le front du Pacifique, notamment à Iwo Jima, Okinawa et Guam.