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Trouvaille

«Un très fort potentiel archéologique» : l’épave la plus profonde dans les eaux françaises découverte au large du Var

Les restes d’un navire marchand du XVIe siècle ont été trouvés par hasard en mars à 2 567 mètres de profondeur dans la Méditerranée, au large de Ramatuelle.
L'épave reposant sur le sable au large de Ramatuelle, le 3 juin 2025. (Handout /AFP)
publié le 11 juin 2025 à 21h52

Une incroyable trouvaille, faite par hasard, dans les profondeurs de la Méditerranée. Les restes d’un navire marchand du XVIe siècle ont été repérés au large de Ramatuelle (Var), 2 567 mètres sous la surface de la mer, ont annoncé ce mercredi 11 juin la préfecture maritime de Méditerranée et le ministère de la Culture. Il s’agit de l’épave «la plus profonde jamais découverte dans les eaux territoriales françaises», a certifié à Nice Arnaud Schaumasse, directeur du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm), au cours d’une présentation à la presse à bord du navire de cet organisme, l’Alfred-Merlin.

Jusqu’ici, l’épave la plus profonde découverte était celle du sous-marin La Minerve, au large de Toulon, à 2 300 m de profondeur.

La découverte de cette épave - baptisée «Camarat 4» - a été faite le 4 mars à l’occasion de la plongée d’un drone sous-marin dans le cadre de la «stratégie de reconquête des fonds marins» lancée en 2019 par le gouvernement, a fait savoir Thierry de la Burgade, adjoint au préfet maritime de la Méditerranée. «Le sonar a détecté quelque chose d’assez important, alors nous y sommes retournés avec la caméra de cet engin autonome, puis de nouveau avec un robot sous-marin, pour obtenir des images d’une très grande qualité», a raconté Thierry de la Burgade.

Selon les premières hypothèses du Drassm, laboratoire appartenant au ministère de la Culture, l’épave est celle d’un navire marchand du XVIe siècle parti d’un port de l’Italie du Nord pour une destination inconnue, d’une dimension de 30 mètres sur 7, et chargé d’au moins deux cargaisons, de la céramique et du fer transporté sous la forme de barres.

Les images montrent notamment «200 magnifiques pichets globulaires à bec pincé, marqué du monogramme IHS du Christ ou avec des motifs végétaux ou géométriques qui évoquent à ce stade une provenance de la région de Ligurie», a indiqué Marine Sadania, archéologue responsable du Drassm en Provence-Alpes-Côte-d’Azur.

Cette épave comporte aussi une ancre, six canons en fer, une centaine d’assiettes jaunes empilées ou encore deux chaudrons couchés. Elle repose sur du sable dans un décor lunaire mais malheureusement pollué par des macro-déchets contemporains, canettes de soda ou pots de yaourt.

« Resté intact »

En dépit de cette pollution, «ce site, grâce à sa profondeur qui a empêché toute récupération ou pillage, est resté intact, comme si le temps s’était arrêté, ce qui est exceptionnel et présente un très fort potentiel archéologique», a souligné Marine Sadania.

En lien avec la Marine nationale, le Drassm prévoit dans les deux ans à venir de poursuivre l’expertise de cette épave avec la réalisation d’un «jumeau numérique» en 3D et envisage d’effectuer des prélèvements pour une étude plus approfondie avant une restitution de ces fouilles au public.