Quand les chimistes font la course, c’est ébouriffant. Ils construisent leur voiture pièce par pièce, s’entraînent à la conduire durant des mois puis s’installent, le jour J, sur une piste en or. Top chrono ! Les pilotes ont intérêt à tenir la forme, car cette épreuve de fond dure 24 heures. Ils enchaînent les lignes droites et les virages sans relâche jusqu’à ce que sonne la fin de la course. Tout le monde lève les mains du volant, et on regarde alors qui a réussi à parcourir le plus de… nanomètres. La deuxième course de «nanovoitures» de l’histoire s’est terminée ce jeudi matin à Toulouse. Organisée par le CNRS, elle a réuni huit équipes de scientifiques venus des quatre coins du monde qui se sont affrontés pour faire rouler le plus loin possible des voitures microscopiques, visibles et pilotables seulement par l’intermédiaire d’un microscope.
Derrière l’aspect ludique de l’événement – chaque équipe avait son nom et ses sponsors comme les vrais sportifs –, on a pu mesurer les progrès de la recherche en nanomachines, dont les applications sont si prometteuses. «Imaginez des minuscules robots que les médecins du futur pourront injecter dans nos veines, et qui partiront à la recherche d’une cellule cancéreuse», évoquait en 2016 Bernard Feringa. Ce chimiste néerlandais a été le premier à développer un moteur moléculaire en 1999 : il a conçu un rotor (un axe) moléculaire capable de tourner continuellement dans la même direction. Pour cette avancée historique, Feringa a re