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Refuge

Le gouvernement réfléchit à accueillir des chercheurs américains dans les universités françaises

Le ministre de l’Enseignement supérieur a demandé aux acteurs de la recherche de réfléchir à l’accueil des scientifiques qui quitteraient prochainement les Etats-Unis en raison de la politique menée par Donald Trump.
Philippe Baptiste, le 19 février 2025. (Telmo Pinto /AFP)
publié le 9 mars 2025 à 9h37
(mis à jour le 9 mars 2025 à 12h35)

La France, pays d’accueil de scientifiques. Dans un courrier adressé à l’Agence nationale de la recherche, aux organismes nationaux de recherche (CNRS, Inserm etc.) et aux universités, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, dit souhaiter accueillir «un certain nombre de chercheurs américains reconnus» qui «s’interrogent déjà sur leur avenir aux Etats-Unis».

Le ministre demande aux responsables de ces organismes de lui faire parvenir leurs «réflexions, alertes, analyses et propositions concrètes en la matière, tant sur les technologies et champs scientifiques prioritaires que sur les dispositifs eux-mêmes à mobiliser ou à mettre en place».

«Des attaques sans précédent»

Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a multiplié les annonces chocs, entre coupes brutales dans les financements publics de la recherche, retrait de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ou encore licenciement de centaines d’employés des agences fédérales chargés des sciences du climat ou de la santé. Ces réductions de moyens sont largement dénoncées dans le monde de la recherche. Les scientifiques ont notamment manifesté vendredi à travers les Etats-Unis pour dénoncer cette politique, et des actions ont aussi été organisées ailleurs, comme en France.

Dans une tribune publiée dans le Monde, des scientifiques, dont les prix Nobel Esther Duflo et Anne L’Huillier ou le climatologue Christophe Cassou, dénoncent des «attaques sans précédent» aux Etats-Unis, qui menacent «l’un des piliers de la démocratie».

En France, Aix-Marseille Université a annoncé cette semaine qu’elle mettait en place un programme dédié à l’accueil des chercheurs américains, notamment ceux qui travaillent sur des sujets comme le climat. Dans une interview à la Tribune dimanche, la directrice générale de l’institut Pasteur Yasmine Belkaid, elle-même ancienne ancienne chercheuse en immunologie aux Etats-Unis, indique recevoir «quotidiennement des demandes» de postes de scientifiques français ou européens aujourd’hui outre-Atlantique, «ou même d’Américains». «On peut appeler ça une triste opportunité, mais c’est une opportunité quand même» pour la recherche française, indique-t-elle. «Il est temps de se positionner comme des acteurs centraux de cet écosystème de la recherche, nécessaire pour notre souveraineté économique», ajoute-t-elle.

Mise à jour à 12 h 30 : avec l’interview de la directrice générale de l’institut Pasteur à la Tribune dimanche.