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Singerie

Les chimpanzés font mûrir des fruits pour boire de l’alcool

Une récente étude américaine a mis en lumière la consommation quotidienne d’alcool des primates, par le biais de fruits fermentés, pouvant expliquer le penchant humain pour la boisson.

Un chimpanzé des îles Marshall (Pacifique) mange une papaye, le 18 novembre 2021. (John Wessels/AFP)
Publié le 18/09/2025 à 16h58

L’homme n’a pas le monopole du coude levé. Son parent éloigné, le chimpanzé, aime à s’abreuver d’alcool, à sa façon, en mangeant des fruits mûrs riches en éthanol, d’après une étude publiée mercredi dans la revue Science Advances. Selon elle, les grands singes consomment à l’état sauvage l’équivalent de plusieurs verres d’alcool par jour.

La publication scientifique vient appuyer la théorie dite du «singe ivre», selon laquelle les hommes auraient hérité de nos ancêtres primates, quotidiennement exposés à l’alcool à travers leur régime frugivore, leur attrait pour la boisson, ainsi que leur capacité à métaboliser cette substance, pourtant toxique.

En recueillant des fruits habituellement consommés par les chimpanzés et en mesurant leur taux en éthanol, soit de l’alcool obtenu à partir d’une fermentation de sucres, les chercheurs ont pu établir que nos plus proches cousins étaient quotidiennement exposés à cette substance via leur alimentation.

L’équivalent d’une pinte

Et les primates sont gourmands en la matière. Selon les calculs des scientifiques, leur consommation journalière se situe autour de 14 grammes d’éthanol. «On peut dire que ça équivaut à une pinte» de bière pour un humain, qui pèse bien plus lourd qu’un chimpanzé, explique à l’AFP Aleksey Maro, auteur principal de l’étude.

Arrive alors la question qui nous intéresse tous : les chimpanzés ressentent-ils l’ivresse pour autant ? Pas facile de le dire, car si cette consommation «n’est pas négligeable», elle «est très diluée et davantage associée à la nourriture», relève encore le chercheur.

Ces expériences menées en Ouganda et en Côte d’Ivoire ont permis de démontrer la consommation quotidienne d’alcool de cette espèce animale. Nathaniel Dominy, professeur d’anthropologie et de biologie de l’évolution au Darmouth College, salue «un véritable tour de force» pour la recherche, mais qui soulève de nombreuses questions, notamment sur les conséquences biologiques et comportementales d’une telle exposition chronique chez ces singes.

Quant à savoir si les primates cherchent l’effet du jaja à tout va en prétextant croquer dans un fruit, la question persiste pour la communauté scientifique.