Plus d’un siècle après la tragédie, l’épave du Titanic continue de livrer ses secrets. De nouveaux détails sur les conditions de naufrage du paquebot que l’on disait insubmersible ont été révélés ce mardi 8 avril, avant la diffusion la semaine prochaine d’un documentaire produit par National Geographic et la société Atlantic Productions. Pour ce projet intitulé «Titanic : la résurrection digitale», de nouvelles analyses ont été menées sur une réplique numérique en 3D du Titanic, résultat d’une technologie de pointe.
Le professeur à la tête de ces recherches, Jeom-Kee Paik, explique à la BBC avoir eu recours à plusieurs algorithmes numériques avancés, des modélisations informatiques et des capacités de supercalcul afin de «prédire les dommages causés lorsque le Titanic a heurté l’iceberg». Ces images inédites de l’épave, qui repose à 3 800 mètres de profondeur dans les eaux glacées de l’Atlantique, permettent de lever le voile sur les dernières heures du paquebot maudit, mais aussi sur les conditions qui ont amené à la désintégration du navire en deux parties.
Step aboard for a once-in-a-lifetime immersive investigation into her final moments. 🚢
— National Geographic (@natgeoafrica) April 8, 2025
Titanic: The Digital Resurrection brings the world's most infamous shipwreck back to life using revolutionary scanning tech and breathtaking CGI.
Sunday, 13 April at 21:00. DStv Channel 181 pic.twitter.com/NRsOYruUGZ
Cette cartographie précise permet notamment de prouver que l’iceberg qui a heurté le navire à tribord «d’un coup sec» n’a pas entraîné de grosses entailles sur les différentes parties du bateau, mais plutôt une série de minuscules perforations de la coque, chacune de la taille d’une feuille A4 et réparties sur six compartiments. Or, le Titanic avait été conçu pour rester à flot en cas de l’inondation de quatre compartiments seulement.
Simon Benson, maître de conférences en architecture navale à l’Université de Newcastle, détaille auprès du radiodiffuseur public britannique : «La différence entre le naufrage et l’absence de naufrage du Titanic se résume à de fines marges, de minuscules trous […]. Le problème est que ces perforations sont réparties sur toute la longueur du navire, de sorte que l’eau pénètre lentement mais sûrement dans tous ces trous, et que les compartiments finissent par être inondés par le haut.»
Un hublot brisé par l’iceberg
Autre découverte permise par ce «double numérique» : un hublot, probablement brisé par l’iceberg, a été identifié sur le navire pour la première fois. Sa présence concorde avec les témoignages de plusieurs survivants du naufrage, affirmant que de la glace était entrée dans les cabines de passagers lors de la collision entre l’immense bloc de glace et le navire de 269 mètres de long.
L’examen en profondeur de la réplique 3D du Titanic fournit également un autre élément central sur cette nuit du 14 avril 1912, durant laquelle plus de 1 500 personnes sont mortes. La découverte d’une salle avec plusieurs chaudières de formes incurvées – qui peuvent donc continuer à fonctionner lorsqu’elles sont plongées dans l’eau – permet d’étayer la thèse selon laquelle des dizaines d’ouvriers auraient travaillé jusqu’au naufrage complet du bateau pour maintenir l’alimentation électrique à bord. Le journal britannique rapporte également qu’une vanne a été découverte en position ouverte sur le pont arrière du bateau, signe que de la vapeur circulait toujours dans le système de production d’électricité lors de sa submersion.
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«Les ouvriers ont maintenu les lumières et l’électricité allumées jusqu’au bout, pour donner à l’équipage le temps de lancer les canots de sauvetage en toute sécurité avec un peu de lumière plutôt que dans l’obscurité absolue. Ils ont tenu le chaos à distance aussi longtemps que possible», détaille Parks Stephenson auprès de la BBC.
Même si ces nouvelles analyses permettent d’en apprendre plus sur l‘une des plus grandes catastrophes maritimes du XXe siècle, Parks Stephenson regrette que la réplique 3D ne raconte seulement l’histoire du Titanic que «petit à petit». Et nous laisse aussi «toujours sur notre faim». «Le Titanic est le dernier témoin oculaire survivant de la catastrophe, et il a encore des histoires à raconter», conclut-il.