Le sol tremble dans le bassin de Lacq, dans les Pyrénées-Atlantiques. Et selon un constat «sans appel» établi par une étude internationale de l’université de Toulouse, c’est bien l’injection d’eaux usées industrielles dans le sous-sol qui est responsable des séismes réguliers observés dans la région. Ces trois années de travaux de recherche, publiées jeudi dans Geophysical Journal International confirme l’hypothèse d’un «rôle majeur» des eaux usées industrielles injectées, envisagée par une équipe de recherche franco-allemande.
Séismes de faibles magnitudes
«Plus on injecte, plus le séisme est important», résume Jean Letort, enseignant-chercheur à l’université Toulouse III-Paul Sabatier, au sein de l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie. L’origine anthropique de la sismicité de Lacq, près de Pau, est bien connue. Toutefois, ce «cluster» de séismes a longtemps été attribué aux activités passées d’extraction intense de gaz du réservoir de Lacq, qui fut pendant 60 ans le plus grand gisement de gaz naturel exploité en France. Or «l’extraction intensive du gaz de Lacq s’est terminée en 2013 et la sismicité de la zone n’a pas diminué pour autant», ajoute le chercheur.
Depuis 1969, soit quelques années après le début de l’exploitation des réservoirs gaziers, la région de Lacq est régulièrement secouée par des séismes de faibles magnitudes. «La majorité des séismes sont localisés très proches des limites du réservoir et l’énergie sismique libérée est directement liée aux variations du volume d’eaux industrielles injecté dans le réservoir», conclut l’étude, basée sur un réseau de capteurs déployés depuis trois ans.
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«Il faut comprendre quels pourraient être les risques pour établir un plafond», indique Jean Letort, qui plaide pour l’élaboration de modèles fiables. Un «enjeu crucial» pour la gestion des injections d’eaux usées, mais aussi pour la géothermie profonde et les projets de séquestration de gaz carbonique, souligne encore l’étude.
Le bassin de Lacq est en effet au centre d’un projet d’enfouissement de CO2, porté par le gestionnaire de réseau de gaz Teréga, le cimentier français Lafarge, le groupe sidérurgique ArcelorMittal et le pétrolier espagnol Repsol, qui prévoit de stocker dans le sol cinq millions de tonnes de CO2 par an. Impliqués dans cette étude, des chercheurs allemands du German Research Centre for Geosciences de Postdam travaillent aussi sur le cas du gisement de gaz naturel de Groningue, dans le nord des Pays-Bas, où les nombreux séismes causés par l’extraction ont ébranlé des habitations. En octobre, le Sénat néerlandais en a approuvé la fermeture définitive.