Historien spécialiste des Etats-Unis et président de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), Romain Huret appelle les dirigeants à bâtir une véritable Europe de la recherche.
Vous plaidez la solidarité européenne vis-à-vis des chercheurs américains. A l’EHESS, avez-vous déjà un programme pour les accueillir ?
Pour l’instant, non. Les initiatives individuelles, c’est bien, mais je plaide pour une initiative européenne afin d’investir des moyens à la hauteur de la situation, sans créer un sentiment de concurrence. Ce qui se joue aux Etats-Unis, c’est un marqueur d’une crise générale de la recherche dans le monde. J’aimerais que nos dirigeants mettent la même énergie pour créer une Europe de la recherche que celle déployée pour une Europe de la défense.
Y a-t-il des précédents historiques à cette situation ?
Dans les années 1930, la physique, la chimie et les sciences sociales se sont effondrées en Allemagne, avec une immigration massive de grands chercheurs – Albert Einstein par exemple. Cette déroute scientifique en Europe a donné un poids symbolique aux