A l’entrée, les règles du jeu sont écrites au marqueur : «Merci d’éteindre vos téléphones», «enlevez vos chaussures», et «quand vous avez fini de jouer, rangez comme à la maison». On passe ensuite devant des étagères, où on est invité à choisir nos armes pour explorer le monde merveilleux qui nous attend. On pioche deux cuillères en bois, quelques pinces à linge, des cubes et des œufs (toujours en bois), une passoire, des machins et des bidules… et c’est parti pour l’exploration. Dans notre cas, ça sera à plat ventre, en jouant des coudes façon commando. Mais un peu plus loin, une autre petite visiteuse sait déjà bien courir sur ses jambes potelées et fonce vers une structure en mousse. Les deux mini cobayes semblent ravies d’inaugurer le parquet et les jolis tapis de la Cité des bébés, qui ouvre ce mardi.
A lire aussi
Après plusieurs années d’expérimentation concluante, qu’elle appelait le «Lab», la Cité des sciences et de l’industrie a pérennisé son espace dédié aux 0-2 ans. «Un public très spécifique. Pas lecteur, pas autonome, avec des capacités cognitives beaucoup moins développées», explique Bruno Maquart, son président. Il a lancé le Lab en 2019, convaincu que la Cité des sciences pouvait devenir le premier musée en France à proposer un espace permanent consacré à l’éveil des bébés. «Et ça a marché, on était pleins tout le temps.» La Cité des bébés prend donc sa forme définitive, sur 250 m² avec vue sur la Géode. Un cocon aux couleurs vives et chaudes, garanti sans écran et sans plastique, où les visiteurs en couche-culotte ne savent plus où donner de la tête.
A l’entrée, ils passent à quatre pattes à travers deux «bébétières» («comme une chatière mais pour les bébés», rigole Delphine Grinberg, muséographe qui a co-piloté le projet du Lab). A gauche, un mobile géant de cravates, des cubes sensoriels et un espace salle de bain avec des tuyaux en cuivre biscornus, des gouttes qui tombent depuis des parapluies accrochés au plafond jusque dans la baignoire et un terrarium à escargots. A droite, une yourte multicolore remplie de coussins pour mettre à l’aise les parents, pendant que les petits farfouillent dans la bibliothèque ou la malle aux chaussettes surprises. Les chaussettes cousues viennent d’ateliers participatifs montés avec les parents, nous explique Pascal Decampe, éducateur de jeunes enfants et médiateur chez Universcience. D’autres éléments comme l’espace de crapahute, avec ses marches et ses rampes, ont été suggérés par «les psychomotriciennes et orthophonistes qui travaillent avec nous».
Limitée à 40 visiteurs simultanés, la Cité des bébés devrait retrouver le public du Lab, où l’on croisait beaucoup de grands-parents, de nounous, d’habitants du quartier en manque d’espace intérieur où défouler l’énergie de leurs petits, et quelques papas parmi toutes les mamans. «On avait jusqu’à 30 % de papas, c’est déjà beaucoup, assure Delphine Grinberg. Ça vient petit à petit, mais il y a un effet contagion : quand ils voient d’autres hommes, ils se sentent à l’aise.» L’espace proposera des animations régulières avec des artistes – conteurs, marionnettistes et musiciens – en guise de toute première médiation culturelle.