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Libération
Portrait

Steven Cohen, belle étoile

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[Excentriques] . «Libération» part à la rencontre des personnalités hors normes. Aujourd’hui, un performeur né en Afrique du Sud, juif et homosexuel.
publié le 5 août 2010 à 0h00

Steven Cohen reçoit sur le pas-de-porte de ce qui fut une ancienne petite maison ouvrière de Lille. On a immédiatement le réflexe d'ouvrir les bras au cas où il basculerait tant sa position verticale sur des cothurnes avec une pente de plus de 60% nous paraît dangereuse. Mais on connaît l'artiste, il a fait mieux encore. Il a chaussé des pointes classiques et, le plus hallucinant, de vrais crânes humains pour déambuler à Times Square pour sa performance Golgotha en 2007. Jusqu'à l'apothéose en 1999 lorsque dans Crawling… Flying, il utilisa des talons en cornes d'oryx de plus d'un mètre de long, ce qui l'obligea à ramper.

Né le 11 août 1962 à Johannesburg, dans une famille juive installée en Afrique du Sud depuis des générations, ni pauvre ni riche, Steven Cohen a toujours fait de son autobiographie la base de son propos artistique. Ses performances détonantes ont toutes en commun de traiter de la judaïcité, de l'homosexualité, de l'apartheid, de la puissance économique meurtrière. Il se définit comme «un monstre juif pédé». Franchement, on connaît plus freak. L'homme est doux, accueillant et presque craintif. Sous les paupières alourdies par des faux cils, certains en vraies ailes de papillon, le regard est affectueux, un brin triste. Il est ravissant.

Nous ne l’avons croisé qu’une seule fois en civil, démaquillé. On ne se souvient pas de lui tant il passait inaperçu, une volonté chez lui et sa nature profonde. Il n’aime pas qu’on le remarque, ce qui