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Libération

Le X exfiltré du Web tunisien?

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Supprimée après le départ de Ben Ali, la censure du porno pourrait être rétablie.
publié le 15 février 2012 à 0h00

C’était l’instrument de la censure politique sous Ben Ali. L’Agence tunisienne d’Internet (ATI), l’entreprise semi-publique qui joue le rôle de grossiste pour les fournisseurs d’accès, risque de reprendre du service… pour bloquer les sites pornographiques. La Cour de cassation doit se prononcer ce mercredi sur l’affaire. L’ATI, désormais dirigée par un jeune PDG qui défend la neutralité du Net, a déjà perdu la partie en première instance et en appel.

La bataille a commencé au printemps, lorsque trois avocats ont assigné l'agence en justice pour qu'elle rétablisse le filtrage du porno. Déjà en cours sous Ben Ali, il a été levé, comme toute autre forme de censure, trois semaines après le départ du Président. «Le code pénal interdit l'incitation à la débauche et la diffusion d'images à caractère pornographique», fait aujourd'hui valoir Me Moneem Turki, qui prend pour principal argument «la protection des enfants», ainsi que le respect des «valeurs arabo-musulmanes».«La liberté d'expression a aussi ses limites en France : l'apologie de Hitler, le négationnisme», poursuit-il. Quoi de mieux, alors, que de passer par l'ATI, qui «a déjà fait ses preuves» en tant que «champion de la censure pendant des années» ? Moneem Turki est l'un de ces avocats proches des islamistes qui attaquent tous azimuts depuis un an : lui a initié la procédure contre la cinéaste Nadia El Fani, pour son film Ni Allah ni maître. Il fait