La révolution sexuelle ? Quelle révolution sexuelle ? «Au mieux, on a connu une évolution. Mais parler de révolution, au vu du chemin qu'il reste à parcourir, est impossible», posent d'emblée Yaëlle Amsellem-Mainguy et Wilfried Rault, jeunes sociologues organisateurs d'un débat qui se tiendra ce soir à Sciences-Po sur le thème «Jeunesse et sexualité : expériences, espaces, représentations» (1). Ambition ? Mettre le doigt sur tout ce qui coince encore. «Les normes qui encadrent la sexualité sont toujours bien là, insiste Yaëlle Amsellem-Mainguy. On a pu les imaginer diluées, mais il n'en est rien : diversifiées et recomposées, elles perdurent.» Des travaux de sociologie récents vont servir de base à cette exploration de la sexualité des 18-24 ans. Leurs conclusions sont souvent sans appel : la sexualité reste genrée, dépendante des stéréotypes masculins ou féminins ; les deux figures repoussoirs de «la pute» et «du pédé» ont la vie longue ; et les adultes éprouvent toujours une forme de panique morale à l'égard du sexe des jeunes.
La norme, la pute et le pédé
Même en 2012, l'ordre hétérosexuel fait toujours la loi et les normes. Il exclut et stigmatise ceux qui y dérogent. A travers deux études, l'une dans des cités d'Ile-de-France, l'autre dans la campagne de la région Centre, Isabelle Clair (CNRS) décrit cette «hétéro normativité» qui veut qu'un garçon soit «tout sauf une fille» (sinon c'est un pé