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Libération
Interview

«Les employeurs oublient que les gens ont une vie sexuelle»

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Catherine Solano, médecin sexologue, commente les résultats de l’enquête du cabinet Technologia :
publié le 16 avril 2012 à 21h06
(mis à jour le 18 avril 2012 à 12h13)

Catherine Solano est médecin sexologue. Elle a notamment publié la Mécanique sexuelle des hommes (Robert Laffont, 2011) et a participé à l'étude de Technologia sur «Les effets du travail sur la vie privée».

Le travail a-t-il de plus en plus d’influence sur notre vie sexuelle ?

Le travail est de plus en plus dur et prenant, il a donc une influence sur tout, y compris sur la vie sexuelle. Les patients viennent me voir au départ pour des problèmes sexuels, pas par rapport au travail, mais quand on en parle, cette dimension apparaît. Certains en thérapie ne me parlent que de ça. Cela arrive très régulièrement. Depuis quelques années, ce qui est frappant, ce sont les histoires de mobilité. Les gens n’osent plus dire non aux déplacements. Si on leur dit de partir toute la semaine et de ne rentrer que le week-end, ils acceptent. Pour le couple, c’est du temps en moins. Les employeurs oublient que ces gens ont une vie sexuelle. Aujourd’hui, le travail doit toujours passer avant la vie personnelle et tout le monde fait semblant de trouver que c’est normal.

L’étude se concentre surtout sur des salariés qui sont en contrat à durée indéterminée et en couple. Est-ce encore plus compliqué pour les autres ?

Un des jeunes couples que je suivais récemment disait ne pas pouvoir avoir d’enfants car ils sont tous les deux en CDD. L’incertitude de l’emploi a évidemment une influence énorme sur la vie personnelle, quels que soient la formation de départ ou le niveau social. Au-delà de ça, le coût de la vie a une influence. Vu le tarif des logements, beaucoup de gens se mettent à h