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Libération

En Argentine, fais sexe qu’il te plaît

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Depuis un mois, les Argentins ont le droit de changer leurs sexe et prénom de naissance à l’état civil. Une première.
Devant le Sénat argentin, à Buenos Aires, le 9 mai, jour du vote de la loi d’identité de genre. (PHOTOS DANIELGARCIA. AFP)
par Mathilde Guillaume, Correspondante à Buenos Aires
publié le 25 juin 2012 à 19h26

«Ce que la médecine dit de moi, je m'en tamponne. Je ne me considère ni comme une femme ni comme un homme, je suis fière d'être travestie.» Lohana Berkins, dirigeante de l'Association de lutte pour l'identité des travestis et des transsexuels (Alitt), ne s'excuse pas d'exister. Conjointement à d'autres associations, elle a rédigé le projet de loi d'identité de genre voté le mois dernier en Argentine. Un texte qui permet à chaque personne qui le désire de modifier légalement le sexe et le prénom sous lequel elle a été enregistrée à la naissance. Et ce, indépendamment d'une opération chirurgicale de changement de sexe ou d'un traitement hormonal.

«Il s'agit d'une loi révolutionnaire, la plus libérale au monde.» Révolutionnaire d'abord parce qu'il s'agit d'une loi de changement d'identité, pas de changement de sexe : aucun traitement hormonal, aucune opération ni examen physique ou psychologique ne sont requis. Ensuite car elle accorde la possibilité aux mineurs de faire cette démarche par le biais de leurs parents, tuteurs ou d'un avocat des enfants mis à disposition gracieusement par l'Etat, dans le cas où ces derniers s'y opposeraient. Et, enfin, parce qu'elle garantit une opération de réassignation de sexe gratuite si, et seulement si, elle est souhaitée. «On a tout bétonné, la définition conceptuelle est la plus large qui soit. Elle parle de "vécu interne et individuel du genre", pas de travestis, de transsexuels, de transgenres. Sinon il aurait fallu