Menu
Libération

Marcel Proust et les muses du bastringue

Article réservé aux abonnés
Un livre et une expo ressuscitent l'ambiance des «hôtels garnis», ces lieux de prostitution masculine appréciés de l'auteur du «Temps retrouvé», qui venait chercher l'inspiration.
publié le 4 septembre 2012 à 14h41

«Marins occasionnels», «hôtels garnis», «garçons de joie»… Entre 1860 et 1960, en France, il est possible de satisfaire des plaisirs masculins dans de multiples établissements clandestins qui proposent des «bains de vapeur», des séances de flagellation, des gitons dociles ou la compagnie de soldats en goguette, prêts à se faire sucer moyennant finance… Dans sa galerie Au Bonheur du jour, Nicole Canet ressuscite l'atmosphère à la fois sordide et sentimentale de ces lieux interdits. Dans le livre en édition limitée qui accompagne cette exposition, elle a rassemblé 335 illustrations, des documents uniques provenant des archives de la préfecture de police et un texte inédit du poète américain Edouard Roditi (1910-1992) intitulé Hôtel du saumon.

Située entre les Halles et la rue Réaumur, dans une arcade un peu à l'abandon, l'Hôtel du saumon était un bastringue pour hommes. C'est là, entre autres, que Marcel Proust venait chercher l'inspiration… Walter Benjamin, fuyant l'Allemagne nazie en 1935, lui avait consacré un texte (publié à titre posthume sous le titre Das Passagenwerk), mais il n'y parlait pas de Proust. Et pourtant… Il semblerait que l'écrivain ait écumé toutes sortes de «passages» pour réveiller ses sens éteints par l'usage de la drogue et la sédentarité. Il venait aussi y chercher du réconfort quand sa vie amoureuse se portait mal.

Séances de voyeurisme à l'hôtel Marigny

Marcel Proust, cependant, avait peut-être plus besoin de bor