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Interview

«Prendre le lecteur aux tripes»

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Entretien avec l’auteur de «Snuff»
L'écrivain Chuck Palahniuk à Vincennes en 2006, pour le troisième festival américain. (photo Stéphane de Sakutin. AFP)
publié le 26 septembre 2012 à 19h06

Chuck Palahniuk devait venir à Paris pour Snuff et on l'imaginait déjà, droit comme un «i», regard perçant, réponses à la précision d'archer. Las. Un faux bond généreusement compensé par mail.

D’où vous est venue cette intrigue à base de gang bang ?

La question est embarrassante. Lors de séances de signature, je rencontre des centaines de lecteurs. On se serre la main, on parle un peu, on se prend en photo. Je dédicace leurs livres, et puis je ne les revois jamais. C’est épuisant et ça me laisse avec un inépuisable sentiment de solitude, mais c’est apparemment un aspect incontournable de ma carrière. Ajoutez à ça l’excitation des gens qui font la queue : l’interaction peut s’avérer explosive. Certains pleurent, leurs mains tremblent quand ils me tendent leurs livres, et si je les étreins pour la photo, je peux sentir leurs cœurs battre la chamade. L’idée du gang bang m’a plu en cela, parce qu’elle évoque ces magnifiques, déchirantes séances de signature.

Avez-vous assisté à des tournages pornos ?

Non, mais j’aurais aimé. J’adorerais voir comment se fait un film porno et comparer le processus à celui d’un film conventionnel. Le porno semble être un hybride, entre le récit de fiction et le documentaire. Vous créez une histoire, mais vous enregistrez aussi un acte sexuel. C’est fascinant.

Snuff parle de sexe, ou de famille ? Les deux sont-ils nécessairement obscènes ?

Snuff est un roman d'amour. J'ai habituellement recours au profane pour aboutir à une représentation de l'amour. Mes personnages voient le pire de l'un et de l'autre avant de s'