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Libération
Critique

Expériences professionnelles

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Le cahier Livres de Libédossier
Chester Brown met en cases huit années d’amours tarifées.
publié le 31 octobre 2012 à 19h06

«Tina, 19 ans, mince, gros seins, très jolie.» «Wendy, 22 ans, 50 kg, un corps mince et musclé.» Les descriptions sont cliniques. Le narrateur s'attarde sur les poitrines, le regard lors de l'acte sexuel, la chambre et les capotes par terre. Dans le roman graphique Vingt-Trois Prostituées, le Canadien Chester Brown raconte huit ans de sa vie, de 1996 à 2004, où il a payé pour avoir des relations sexuelles. En noir et blanc, dans un style épuré, le dessinateur de Toronto se lance ainsi dans une longue défense argumentée de la prostitution. Juin 1996 : Chester Brown est en train de dessiner. Sa petite amie de l'époque, Sook-Yin, entre dans la pièce et lui explique «qu'elle est en train de tomber amoureuse de quelqu'un d'autre». Il réagit à peine, accepte la situation sans se battre.

Une étrange cohabitation commence, puisqu'aucun des deux ne déménage. Chester rencontre le nouveau compagnon de son ex. Le soir, il travaille ou bouquine dans son lit, et il les entend faire l'amour. Mais lui ne veut pas séduire. Il a eu peu de relations dans sa vie. Il considère qu'elles se sont toujours mal déroulées, qu'être en couple a gâché l'amitié, qu'au fil du temps cela implique plus de contraintes que de plaisir. Pendant plus d'un an, il n'a pas de contact physique avec une autre personne. Alors qu'il approche de la quarantaine, il est convaincu qu'il n'aura «plus jamais de copine». Un jour de 1997, lors d'un festival de BD, il paye 50 dollars p