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Libération

Le bas mis à nu

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De la favorite d'un empereur chinois à des parachutes pour l'armée américaine en passant par le French cancan, l'histoire du bas teinte les siècles d'érotisme.
Pudeur, peinture d'Albert Penot. 1925. (Le Bas, Jean Feixas.)
publié le 31 octobre 2012 à 13h06

«Elles nous font voir leurs mollets», débute une chanson des années 1920. Là, tout s'arrête. Elles font voir leurs mollets, des bas apparaissent, et les esprits cessent de réfléchir. Subjugués. Dans le beau livre Le Bas, Jean Feixas revient sur notre fascination pour ce petit bout de vêtement, objet de tant de désir. «Elle n'était pas entièrement nue, mais c'était pis ! Elle était bien plus révoltamment indécente que si elle eût été franchement nue», s'effraie ainsi un jour faussement Jules Barbey d'Aurevilly. Déjà auteur de l'Histoire de la fessée chez le même éditeur Jean-Claude Gawsewitch, le fétichiste Jean Feixas parsème son récit d'une multitude d'anecdotes, de citations d'écrivains, de photos, de peintures, d'extraits de films ou d'affiches publicitaires aiguichantes.

De l’Antiquité à l’arrivée des Américains en France après la Seconde Guerre mondiale, le bas traverse les siècles et n’est pas qu’une histoire de mode et d'érotisme : il raconte aussi l'évolution des moeurs, l’industrialisation et la mondialisation.

La première légende sur le bas remonte à la Chine antique. Au XVIe siècle avant Jésus-Christ, l'épouse ou la favorite de l'Empereur Huang Di – les versions divergent, mais c'était il y a bien longtemps, c'est le principe des contes – découvre en prenant le thé dans son jardin les vertus des chenilles «enroulées dans un fil ténu