«La porte s'ouvre, et, vêtue seulement de ses bas, celle que j'ai choisie s'avance minaudière», écrit Louis Aragon dans le Paysan de Paris, en 1926. Là, tout s'arrête. Difficile de continuer à réfléchir tant l'on est subjugué. Dans le beau livre le Bas, Jean Feixas (1) revient sur notre fascination pour ce petit bout de vêtement, objet de multiples désirs. «Elle n'était pas entièrement nue, mais c'était pis ! Elle était bien plus révoltamment indécente que si elle eût été franchement nue», s'effraie ainsi un jour faussement Jules Barbey d'Aurevilly. Déjà auteur de l'Histoire de la fessée chez le même éditeur Jean-Claude Gawsewitch, Jean Feixas, ancien commissaire à la brigade des mœurs, parsème son récit d'une multitude d'anecdotes, citations d'écrivains, photos, peintures, extraits de films ou d'affiches publicitaires aguichantes.
Vert. Longtemps, le bas est autant une histoire masculine que féminine. Henri II, aux noces de sa fille, aurait mis les premiers en «soye». Henri III avait une passion du vert qui poussa toute la cour à l'imiter. Comme l'objet est alors unisexe, il est apprécié des fétichistes. «J'ai connu force gentilshommes qui, avant de porter leurs bas de soie, priaient les dames et maîtresses de les essayer et de les mettre avant eux quelque huit ou dix jours», raconte, au XVIe siècle, l'écrivain Brantôme dans Vie des dames galantes. «Il les portait ensuite avec une