Adieu les pétards osseux ? Sur les traces des Brésiliennes qui chouchoutent leur «siège du désir», des Américaines se font gonfler les fesses. Mais que représente ce bout d'anatomie ? Entretien avec Elisabeth Azoulay, ethnologue, coauteure de 100 000 Ans de beauté (éd. Gallimard).
Pourquoi ce retour du postérieur potelé ?
D’abord, les fesses ne sont pas n’importe quelle partie de notre anatomie. Elles sont un signe d’humanité. Je m’explique : nous sommes le seul primate exclusivement bipède et doté, de ce fait, d’un grand muscle qui forme un fessier rebondi. Chez les autres primates, la sexualité est balisée par la couleur, véritable signe d’appel de cette partie, d’ailleurs très visible, de leur anatomie. Les humains, eux, signalent cette portion du corps par un relief, de moins en moins occulté par le vêtement. Notre sexualité est guidée par la culture et l’imaginaire. Elle est psychosociale et échappe aux automatismes. C’est ce qui explique qu’à certaines époques et dans certaines sociétés nous investissons le fessier d’un pouvoir érotique plus ou moins important.
Comment analysez-vous le récent recours à la chirurgie des fesses ?
L'offre joue un rôle clé. D'autant plus que la technique progresse et propose maintenant l'injection de sa propre graisse plutôt que celle de produits de synthèse. C'est plus rassurant et, compte tenu du temps que nous passons assis, sans doute plus confortable. Reste à savoir pourquoi et comment on passe à l'acte. Depuis le début du XXe, avec la disparition des grandes famines en Occident et l'avènement des loisirs, dont les séances e