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Libération

Une question de vit ou de mœurs

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Dans un essai de 1906 qui reparaît aujourd'hui, le professeur Auguste Forel, chantre suisse des idées nouvelles, s'interroge sur le progrès, le sexe et le bonheur. Prémoderne.
publié le 21 novembre 2012 à 12h15

«La question sexuelle est d'une importance fondamentale pour l'humanité, dont le bonheur et le bien-être à venir dépendent en très grande partie de cet important problème», écrivait en 1906 Auguste Forel, professeur à l'université de Zürich. A l'époque, ce psychiatre suisse publie la Question sexuelle exposée aux adultes cultivés, en allemand puis très vite traduit en français et en anglais. Il donne son avis, de manière crue et sans fausse pudeur, sur la sexualité au sens large : la masturbation, l'orgasme, la vantardise, le clitoris, la prostitution, le couple, etc.

L’ouvrage vient d’être republié par les éditions Autrement. Auguste Forel défend avec vivacité l’amour et même ce qu'il appelle

«l’amour sexuel»

. Sur certains points, ses écrits, diffusés dans les milieux bourgeois, sont symptomatiques d’une époque. Sur d’autres, il fait preuve d’une surprenante modernité.

«Forel rêvait d'une grande réforme sexuelle des sociétés occidentales», note l'historien Christophe Granger dans la préface. Avec une idée simple : l'ignorance étant dangereuse, «parler sexe, décrire les mécanismes de la volupté, se montrer terre à terre, évoquer le vagin et l'éjaculation, lever, au besoin, les peurs de l'enfantement : voilà la clé de tout», raconte-t-il.

Né en 1848 et mort en 1931, Auguste Forel a été membre de l'Internationale anti-alcoolique, favorable à l'esper