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Libération
Interview

«Même modèle, mêmes scènes, mêmes positions»

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Auteure de «Porno Manifesto», Ovidie dénonce une récupération marketing de l’industrie du X.
Ovidie, le 17 décembre 2005 à Neuilly-sur-Seine. (AFP)
publié le 10 décembre 2012 à 21h07

Féministe prosexe, auteure de Porno Manifesto, qui milite pour une pornographie féminine, et réalisatrice de plusieurs films X, Ovidie dénonce le marketing autour du «porno pour les femmes».

Que pensez-vous du site Dorcelle ?

Pour moi, c’est principalement du recyclage. Le site comblera les femmes qui aiment le porno masculin avec ses pratiques phallocentrées. Dans ces films, produits pour et par les hommes, la sexualité des femmes est réduite. On fait croire que ce sont leurs fantasmes, on leur impose encore un modèle sexuel où l’on voit toujours les mêmes scènes et les mêmes positions. Cela entretient l’idée qu’il n’existe rien d’autre comme porno. Si c’est pour vendre toujours des nanas de 20 ans avec des ongles américains et en jupe en lycra ou des acteurs à gourmette bourrins, je ne vois pas vraiment l’intérêt.

Pourtant, le site propose des films de réalisatrices…

Si certaines sont présentes sur le site, notamment quelques films du catalogue Second Sexe, la grande majorité est absente. Je déplore la réappropriation d’un modèle sincère. Depuis une trentaine d’années, des réalisatrices comme moi travaillent, cassent ces codes pour proposer des productions plus centrées sur la femme et ses désirs, dans lesquels il y a une réflexion par rapport à la sexualité.

Le porno pour femmes, ce n’est pas un peu cul-cul ?

Pas du tout. Il existe plusieurs pornos féminins : des très érotiques mais aussi des vidéos hardcore. La sexualité des femmes n’est pas plus soft et elles n’ont pas forcément besoin de romantisme. Le porno féminin casse le schéma classique où l’homme domine. Dans la quasi-totalité des scène