Karine Lanini, normalienne et agrégée de Lettres Modernes, aurait pu nous parler des vanités, sujet qu'elle a longtemps étudié. En 2003, elle a soutenu sa thèse de littérature française: «Dire la vanité à l'âge classique. Paradoxes d'un discours.» Aujourd'hui, le paradoxe réside plutôt dans la littérature à laquelle elle se consacre: le roman érotique aux éditions Harlequin. Un passage de Thanatos à Eros, comme elle le résume poétiquement. En 2004, elle a 30 ans lorsqu'elle quitte son poste de chercheur enseignant à l'université Nancy 2. L'univers de la fac lui déplaît, sa cuisine interne la rebute, elle préfère abandonner; c'est «la meilleure décision de ma vie». Plutôt que d'enseigner dans le secondaire, Karine Lanini se tourne vers l'édition, et décroche le poste d'«éditrice romance pôle sensuel» chez Harlequin, pour les collections Audace et Passion. Tout un programme…
Harlequin traîne une mauvaise réputation d'usine à clichés, de romans mièvres, stéréotypés, misogynes, commerciaux. Alors, avec du sexe en plus? L'image de la maison ne la gêne pas. L'entreprise canadienne a vendu près de huit millions de livres en France l'an passé, et ne cesse de se diversifier pour rester en tête d'un secteur en difficulté. De fait, le travail de Karine Lanini est beaucoup moins futile qu'on peut le supposer. Des fictions érotiques éditées en France, il y en a peu, «alors autant qu'elles soient de qualité» explique celle qui choisit les textes, engage