Actrices, acteurs, réalisateurs ou producteurs, ils témoignent, parfois anonymement, au fil des pages du Travail pornographique du sociologue Mathieu Trachman. De leurs fantasmes, de leurs manières de travailler, de ce qu'ils valent, de leurs souvenirs joyeux ou leurs espoirs déçus. Extraits.
X, réalisateur, producteur, 32 ans
«Vu que c’est du porno, tu te poses plein de questions : Est-ce que ça va être glauque ? Est-ce que je vais trouver ça fade ? Est-ce que je vais trouver ça excitant ? Est-ce que je vais bander pendant le tournage ? Est-ce que… Enfin, moi, perso, je me posais plein de questions du genre : "Qu’est-ce que ça va faire de voir des gens baiser à côté de moi ?" Et, finalement, non, le tournage s’est super bien passé. T’as une ambiance hyper potache et t’es tellement dans le speed du truc, tu calcules rien de tout ça et ça devient au fond super naturel.»
Charlotte, ex-actrice
«J’ai eu tellement l’impression d’avoir été un bout de viande pendant tout ce temps-là, qu’à la fin, j’avais adopté un style extrêmement spécial, c’est-à-dire que je mettais que des baggies pour cacher mon corps, ou des robes blanches, je m’habillais comme une fillette. Je voulais pas que les gens voient mes organes, ou me voient comme une femme sexuelle, avec de la poitrine. J’en pouvais plus, je voulais exister à travers autre chose.»