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grand angle

Corée du Sud: les mariages arrangés font désordre

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Confrontés à un déficit de jeunes filles dans les campagnes, des dizaines de milliers d’habitants se marient chaque année avec des étrangères, venues des Philippines, du Vietnam ou du Cambodge. Mais ces migrantes peinent à s’intégrer dans ce pays riche et peu ouvert sur l’extérieur.
publié le 20 février 2013 à 19h06

Elle a souri avant de répondre à la question. «Non, ce n'était pas un coup de foudre.» D'ailleurs, la rencontre ne lui a pas laissé un grand souvenir : elle a oublié le mois où elle a fait la connaissance de son futur mari, en 2007. Kook Yeon-seong avait 20 ans à peine. Elle vivait à Hanoï dans une famille avec «beaucoup de soucis», dit sobrement cette discrète Vietnamienne pour décrire ses origines très modestes. Lui, Sung Nam, 37 ans, arrivait de Yongin, une bourgade industrielle sans âme à 45 kilomètres au sud de Séoul, pour un court séjour clé en main concocté par une agence matrimoniale. Il cherchait une épouse, elle voulait «vivre bien». Une amie de Kook Yeon-seong les a présentés. «Je connaissais une Vietnamienne mariée à un Coréen qui rentrait souvent au Vietnam et disait être heureuse. J'ai pensé que c'était possible pour moi aussi.» Kook Yeon-seong et Sung Nam ont appris à s'apprécier en s'écrivant, se téléphonant pendant quelques mois. Puis ils se sont mariés en juin 2008 à Yongin. L'agence a pris en charge toute l'organisation, des visas jusqu'à la cérémonie, moyennant 12 millions de wons (8 300 euros), sept fois le salaire moyen sud-coréen, que Sung Nam a dû débourser.

Le couple a aujourd’hui deux enfants et une vie installée. La jeune Vietnamienne a choisi de changer de prénom et même de prendre la nationalité sud-coréenne il y a deux ans. Kook Yeon-seong fait partie de ces quelque 300 000 femmes venues au cours des vingt dern