Depuis le premier atelier Man for a day, organisé par l'artiste performeuse Diane Torr et le transsexuel female to male Johnny Science, à New York en 1989, la culture drag-king s'est développée et implantée dans plusieurs pays européens comme l'Allemagne ou l'Italie.Marie-Hélène Bourcier, sociologue qui enseigne les études féministes et les gender studies à l'université de Lille III et auteure de la trilogie des Queer Zones (1), explique ce retard français.
Comment sont nés les drag-kings ?
Il y a toujours eu une culture de la masculinité dans la culture lesbienne, mais le féminisme des années 70 l'a occulté. Dans les années 90, il va y avoir une réappropriation de cette culture «butch» [lesbiennes masculines, ndlr]. Parallèlement, parce qu'ils en ont besoin pour leur construction, les transsexuels «female to male» vont eux aussi explorer la masculinité. C'est de cette rencontre entre des identités néo-butch et la culture transsexuelle émergente que va naître la culture drag-king, microculture urbaine qui a essaimé dans les bars et les festivals.
Peut-on faire un parallèle avec les drag-queens ?
La culture drag-queen est antérieure et elle n'est pas traversée par le féminisme comme la culture drag-king. On le voit bien lors des ateliers drag-king qui rappellent les groupes féministes de raising consciousness [prise de conscience] des années 70. Les drag-queens ont eu une certaine fortune médiatique et populaire que n'ont pas connue les drag-kings parce qu'ils s'attaquent aux privilèges de la masculinité dans notre