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portrait

Alice Nkom : african queen

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A la tête de son association, cette avocate camerounaise défend les gays, dans son pays où l’homosexualité reste un délit.
(Photo Fred Kihn)
publié le 19 avril 2013 à 19h06
(mis à jour le 22 avril 2013 à 10h42)

D'emblée, elle détonne. Sous un ciel qui affiche toutes les nuances de gris, sa tenue flamboyante, vaguement ethnique, fait tourner les têtes des passants intrigués. Alice Nkom est de passage à Paris, en ce début avril. Depuis dix ans, cette avocate camerounaise à l'allure d'African Queen, s'est fait un nom en défendant les homosexuels emprisonnés dans son pays natal. En Afrique, continent notoirement peu tolérant sur le sujet, c'est déjà un combat difficile. Au Cameroun, c'est même héroïque. Mais elle se moque des menaces de mort qu'elle reçoit régulièrement sur son portable, constate juste que «la police n'a jamais ouvert d'enquête» suite à ses plaintes, et continue à courir d'un tribunal à un commissariat pour tenter de faire libérer ses clients et dénoncer une discrimination qui, en réalité, est tout à fait légale au Cameroun puisque l'homosexualité y est un délit pénal depuis 1972. Saluant son combat courageux, le magazine américain New Yorker l'a sacrée «Africaine de l'année» l'an passé, mais pour cette Alice d'un pays sans merveilles, la lutte contre l'homophobie est devenue une mission, «que je poursuivrai jusqu'à ma mort», souligne cette grand-mère de 68 ans, épargnée par les rides, et très fière de ces huit petits-enfants. «Mon petit-fils de 16 ans est mon meilleur soutien», précise-t-elle.

Elle s'est engagée dans ce combat, un jour de 2003, presque par hasard : «Des jeunes Camerounais installés en France étaient venu