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Libération
Reportage

Tokyo, capitale du jupon

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Travestissement . Dernière trouvaille des salarymen pour échapper aux rigueurs de la société nippone : se déguiser en femmes, le temps d’une soirée.
A Tokyo, fin avril. (photo Jérémie Souteyrat)
publié le 24 juin 2013 à 21h06
(mis à jour le 26 juin 2013 à 9h47)

Il ou elle ? C'est la première question qui vient à l'esprit pour éviter la gaffe. Cette fois, ce sera elle. Sans ambiguïtés. Pour Yuki (1), les choses sont claires entre les murs du Onnanoko Club (le club des filles), un bar à Shinjuku ni-chome, quartier du Tokyo gay et lesbien. C'est un salaryman de 32 ans d'une «grande société japonaise» qui a frappé à l'entrée du club ce soir-là. Quand l'ascenseur l'a déposé au quatrième étage d'un petit immeuble vert, Yuki n'existait pas encore. La porte s'est ouverte, l'employé s'est glissé dans un autre univers, dans un autre habit, celui de Yuki. A l'intérieur de cette bonbonnière kitsch, des banquettes roses en simili-cuir, des tables basses. Quelques peluches plantent le décor d'un bar de poche à l'ambiance tamisée par des lumières jaunes et des rideaux tirés. Mais les clients ne viennent pas seulement pour la discrétion des lieux ou pour écouter du rock japonais ou de la pop coréenne en sirotant un verre.

Théâtre. Certains s'installent devant un vaste miroir orné de grosses lampes. Là, pour 4 000 yens (31 euros), dans un mini-espace qui a tout d'une loge de théâtre, ils se maquillent, se coiffent d'une perruque, puis se changent et se chaussent, aidés par Saki et Minami, deux bisexuels déguisés. Sur les cintres, une garde-robe fournie ; dessous, des escarpins, des bottes, des sandales. Quand le rideau s'ouvre, ils ont changé de sexe.

Ce soir, Yuki arbore une jupe noire à pois blancs, su