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Interview

«Une femme sur dix est concernée»

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Odile Buisson, gynécologue spécialiste du plaisir féminin, déplore le désintérêt des scientifiques pour le plaisir des femmes.
publié le 23 août 2013 à 21h36
(mis à jour le 26 août 2013 à 10h57)

Odile Buisson est gynécologue. Elle a réalisé les premières échographies complètes du clitoris. Auteur avec Pierre Foldès de Qui a peur du point G ? Le plaisir féminin, une angoisse masculine (éd. Jean-Claude Gawsewitch), elle déplore le désintérêt des scientifiques pour le plaisir des femmes.

Qu’existe-t-il aujourd’hui pour les femmes qui ont des troubles du désir ?

Actuellement, il n’existe rien de très efficace pour traiter le désir sexuel hypoactif. C’est une dysfonction fréquente, qui concernerait 10% des femmes selon les chiffres de la Société internationale de médecine sexuelle. S’il est assez habituel qu’une baisse ou une absence de libido se produise chez la femme lors de périodes de sa vie, certaines présentent une insensibilité cérébrale aux stimulations sexuelles. Ces troubles du désir peuvent générer une détresse psychique ainsi que des difficultés dans les rapports aux autres.

Est-ce plus complexe que les troubles érectiles à soigner ?

Oui, mais c’est surtout tabou. On a longtemps considéré que la sexualité d’une femme, satisfaisante ou non, relevait de la sphère privée, du secret d’alcôve, qu’elle dépendait de l’habileté de son partenaire et que, pour elle, «tout est dans la tête». Du coup, faire de la recherche en médecine sexuelle féminine n’est jamais apparu comme une évidence. Il y a aussi un manque de moyens pour lancer ces recherches qui ne paraissent pas, en période de crise, prioritaires.

Pourquoi la communauté scientifique s’intéresse si peu au désir des femmes ?

Avec ou sans désir, une femme peut avoir un rapport charnel e