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Libération
TRIBUNE

Déboires du mâle contemporain ou les fantasmes de Bégaudeau et Oubrerie

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par Sylvie TISSOT, Sociologue et féministe, Sophie Courval, Journaliste et féministe et Mathieu Trachman, Sociologue et proféministe
publié le 27 août 2013 à 19h06
(mis à jour le 29 août 2013 à 9h27)

Le Mâle Occidental contemporain (MOC) est une espèce menacée… de domination féminine. C'est en creux ce que suggère la lecture de la BD éponyme publiée quotidiennement dans le Libé de l'été. Ce feuilleton signé Clément Oubrerie et François Bégaudeau, raconte les tribulations d'un dragueur loser, Thomas, jeune trentenaire parisien, ni précaire ni clinquant, blanc, hétéro, plutôt beau gosse et vaguement intello. Une sorte d'antihéros, séducteur pataud régulièrement éconduit mais qui s'enfuit à toutes jambes à la moindre «ouverture». Bref, du léger, du rigolo, du distancié, avec néanmoins quelques prétentions, notamment celle de nous faire réfléchir à la place des hommes dans la société actuelle.

Grosso modo, les auteurs tentent de nous faire comprendre à quel point il est difficile pour les hommes de draguer les femmes d'aujourd'hui. «Thomas est dans la position de quelqu'un qui a pris du retard sur une certaine forme d'émancipation féminine et qui doit du coup se réajuster», confiait récemment François Bégaudeau à Libération. Et pour ce faire, Thomas se donne du mal. Il arpente Paris à la conquête des femmes, un exemplaire de Belle du seigneur sous le bras, court les vernissages et les manifs féministes - par pur opportunisme -, écume les boîtes branchées, pouponne les nourrissons pour attraper les mères, etc. En vain. On finirait presque par le prendre en pitié car si les auteurs ne sont pas dupes des manœuvres de leur héros et ne