Au fond de ce théâtre érotique, dans un coin. Un petit espace privé, aspirateur de fantasmes, «la scène minuscule est surélevée, tapissée par de multiples coussins, tapis, draperies, dorures et décorations kitsch et chics». Que se passe-t-il derrière ces rideaux rouges ? Quelles sont les demandes des clients ? Dans le Petit théâtre masturbatoire, Marianne Chargois, 32 ans, s'attelle à y répondre.
Travailleuse sexuelle, elle a exercé pendant plusieurs années dans un club érotique de Paris, rive gauche, prenant des notes sur ce qu'elle voyait, rencontrait, ressentait. A côté de la salle principale, où on assiste, pour 50 euros, à des shows permanents, les clients peuvent s'isoler avec une des femmes, pendant une quinzaine de minutes, pour 60 euros supplémentaires. Dans cette pièce, une barrière sépare l'homme et la performeuse. Le spectacle, à la carte, «a deux conditions formelles : interdiction totale de se toucher les organes génitaux, et défense absolue de franchir la barrière», écrit Marianne Chargois en introduction. S'ensuit quinze courts portraits de ses rencontres les plus étranges, toutes authentiques, bien servies par les dessins de Nanad'Panam.
Chaque visiteur, de 17 à 77 ans, et de tous milieux sociaux, est différent. Le «soumis hélicoptère» aime «se faire injurier, frapper et cracher dessus», «porter des bas sous son pantalon», «se prendre une douche d'urine», etc. «Mais surtout, par-dessus tout, i