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Exhibition : porno sur la ville

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Dans «la Nuit scoptophile», le critique d’art Stephan Lévy-Kuentz analyse le travail du photographe Alain Fleischer qui projette des images d'ébats sexuels dans l'espace urbain.
Exhibition, projet photographique de Alain Fleischer. (Extrait de La nuit scoptophile, Stéphan Lévy-Kuentz)
publié le 22 janvier 2014 à 10h18

C’est le titre, en premier lieu, qui est étrange :

la Nuit scoptophile.

«Scoptophile», qu’est-ce que cela veut dire ?

«Le plaisir de regarder»

, selon Freud, l’excitation du voyeur. Ce sont les photos, ensuite, qui interpellent. Les toits d’une ville dans la nuit, vaguement éclairés, une mosquée au loin, et, sur un mur, la main d’un homme tenant son pénis. Il se rapproche d’une femme, elle lui tourne légèrement le dos. Ou ce quartier résidentiel, aux pâles lueurs vertes, et ses mains, puissantes, qui agrippent les fesses d’une femme, et ce sexe, qui la pénètre. Ou ce mur en brique, bleuté, et la projection d’une caresse. Au loin, les lumières d’un port industriel.

Dans la Nuit scoptophile, le critique d'art Stephan Lévy-Kuentz s'intéresse au travail du plasticien et photographe Alain Fleischer. Depuis plus de vingt-cinq ans, pour son dispositif Exhibitions, il s'amuse à projeter des images pornographiques sur les bâtiments de grandes villes à travers le monde. Ou l'art de montrer à tous ce qui ne doit pas être vu.

«J'ai toujours imaginé que les images que je projetais sur des immeubles, et parfois mêmes jusqu'à l'intérieur des appartements, ne faisaient que rendre visible ce qui se passait ici ou là, derrière les rideaux tirés», explique Alain Fleischer, en introduction, actuel directeur du Fresnoy, le studio national des arts contemporains. «C'est comme si, après un premier acte de voyeurisme qui est couramment attribué à la photog