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Mignon, allons voir en Culonie...

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Le grammairien Jean-Luc Hennig raconte, dans un ouvrage, les origines des expressions décrivant les homos sous l’Ancien Régime.
Bal à la cour d'Henri III, vers 1580. (Auteur inconnu. CC Wikimédia.)
publié le 28 janvier 2014 à 19h26

Le bardache, le bougre hérétique ou sodomite, «monsieur Culus», démons incubes et succubes, ou tout simplement hyènes et castor. Avant même que le terme d'«homosexualité» existe, les mots pour désigner cette pratique «contre-nature» étaient nombreux et majoritairement négatifs. Dans son ouvrage Espadons, mignons et autres monstres, vocabulaire de l'homosexualité masculine sous l'Ancien Régime, Jean-Luc Hennig, grammairien et journaliste (un ancien de Libération) a décidé de s'intéresser à l'origine de toutes ces expressions. Car, même si elles ne sont plus forcément utilisées, elles ont souvent influencé notre manière de voir. Les «multiples représentations imaginaires de l'homosexualité, sans cesse en mouvement d'un peu partout, de l'histoire et de la mythologie antique surtout, mais aussi d'Italie ou même d'Angleterre […] traduisent finalement l'instabilité des masques et des identités qu'on croyait jusqu'ici sédimentés dans la figure originelle du sodomite», juge-t-il.

L'homosexualité et les persécutions ne sont pas «qu'une histoire de souffrance, c'est aussi une histoire de langage», continue-t-il. Toutes ces métaphores, ces dérivés, que Jean-Luc Hennig décortique dans un lexique savant d'une soixantaine d'entrées, truffé de références, ont été utilisés pour ne jamais directement nommer ce que la religion réprouve. «Comment, par quels détours, par quelles ruses du langage a-t-on décrit cette forme d'attraction qui