Margaux, 22 ans, en bac pro chaudronnerie à l’Aforp de Drancy, coupe courte façon Jean Seberg, aucun bijou, silhouette androgyne, jeans et pull.
«Le machisme est partout, pas plus en chaudronnerie qu’ailleurs. Depuis que je suis petite, on me dit "garçon manqué sur les bords". Elle vient des autres, cette réflexion. Je suis comme j’ai envie d’être et comme je me sens bien. Ma grande sœur est très féminine, ma mère voudrait que je me maquille un peu, mais je n’en ai aucune envie, ça serait comme un déguisement. Dans la rue, les filles très féminines se font siffler. Moi, je ne me fais pas emmerder. C’est rare que je me fasse draguer, et c’est le plus souvent par des filles. Parfois, j’entends des choses dites pour me blesser, on m’appelle "jeune homme". J’assume mon petit côté masculin. Les filles qui sont trop féminines sont cataloguées, celles qui sont trop masculines passent pour des lesbiennes… J’ai ma vie, mon copain et ça ne regarde personne. Mais j’assume aussi d’être une fille, c’est mon côté féministe, je veux prôner l’égalité. Dans ma formation, je suis la seule fille. Ça ne me dérange pas. Les garçons ont tendance à beaucoup parler de sexe ou à voir des allusions là où il n’y en a pas, ça rend les situations un peu comiques. Ici, j’ai mon vestiaire à moi. C’est là que je passe mon bleu de travail. Je flotte dedans à cause de mon gabarit de crevette. J’ai toujours eu un look un peu androgyne. A 12 ans, je me suis fait percer les oreilles mais j’avais des rangers aux