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Sexe et genre

Seules parmi les mecs, dur apprentissage

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Bac 2014dossier
Plongée dans deux ateliers de chaudronnerie où des jeunes filles doivent se faire une place.
Après cinq ans d'études au milieu des garçons, Marie (ici, en mars, dans un atelier de chaudronnerie à Asnières) fait toujours attention à ne pas étaler ses fragilités. (Photo Jean-Michel Sicot)
publié le 22 avril 2014 à 18h46

Etre la seule fille dans une classe de garçons, c'est tout un art. Celles qui, vers 16 ans, font le choix d'une filière très masculine, connaissent cette complexité. Il faut savoir exister sans se renier. Sans donner, non plus, l'impression de provoquer. Elles réfléchissent beaucoup à leurs tenues vestimentaires, à leur coiffure, au maquillage, bref, à tout ce qui «fait fille». Parfois, des garçons se muent en garde du corps, d'autres leur lancent des «tais-toi, sale femelle».

Elles doivent faire leur place. Soutenues, souvent, par des enseignants et des directions qui cherchent à recruter des filles et vont parfois jusqu’à faire campagne pour y parvenir (1). C’est le cas pour l’Aforp (Association pour la formation et le perfectionnement des personnels des entreprises de la région parisienne), un organisme de formation aux métiers de la métallurgie, avec ce slogan : «Les filles aiment l’industrie».

Marie, inscrite au centre de formation des apprentis (CFA) d'Asnières, a posé pour les affiches. Forte tête, elle ne se dégonfle pas quand un garçon de sa promo assure qu'«une fille qui veut devenir maçon ou charpentier, ça fait bonhomme». Elle plante ses yeux dans les siens, bras croisés : «Ah oui ? Tu serais étonné si t'en rencontrais.»

La sociologue Julie Thomas (1) a passé une année à observer des jeunes filles inscrites dans des filières masculines et dégagé trois attitudes. Quand elles se prennent pour un garçon dans l’idée de se fondre dans le moule,