Menu
Libération
Reportage

Les mâles sont en rues

Article réservé aux abonnés
La ville, pensée par et pour les hommes, ne laisse pas de place aux femmes. Exemple à Bordeaux.
«Les filles ont parfois l'impression de devoir franchir des "péages d'hommes"», selon le géographe Yves Raibaud. (Photo Reuters)
publié le 3 juin 2014 à 18h06

C'est une visite de Bordeaux sans cannelés, mais chaussée de «lunettes du genre», celles que propose Yves Raibaud, géographe, spécialiste de la place des femmes dans la ville (1). Il a mené plusieurs études à Bordeaux et dans son agglomération depuis dix ans. Son constat : quelle que soit la commune, «la ville appartient aux hommes. Tout est fait pour favoriser leur présence». De quoi faire prospérer le harcèlement de rue. Pour le géographe, «tout se tient : plus les hommes sont présents, plus ils vont développer un sentiment d'impunité». A la manière des «marches exploratoires», ces sorties organisées par des femmes pour identifier ce qui cause leur malaise dans la rue, Yves Raibaud, qui se présente comme un «féministe convaincu», plaide pour que les politiques publiques leur fassent de la place. Déambulation dans Bordeaux en trois étapes.

Quais des garçons

Premier arrêt quais de la Monnaie et des Chartrons. Sur le city-stade au bord de la Garonne, un groupe de garçons tape le ballon. Aucune fille ne joue avec eux. Une poignée d'entre elles sont juste spectatrices, assises sur des bancs. Même scène au skate-park du quai des Chartrons. Pas une fille en rollers ou sur un BMX. Seuls les garçons enchaînent des figures. «On dit que les filles peuvent elles aussi faire du skate ou du foot, commente le géographe. Mais deux fois plus de garçons que de filles profitent des équipements publics de loisirs pour les jeunes.» A partir de la sixième, la déserti