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Libération
Critique

Le porno gay tête par-dessus cul

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Les fans fantasment désormais sur ses stars du X rhabillées, certaines s’affichant sur les réseaux sociaux en intellos à la sexualité conceptualisée, rendue moins transgressive.
publié le 24 juin 2014 à 18h06

Déjà, avoir une barbe. La chemise à carreaux boutonnée jusqu’en haut est un plus : panoplie hipster. Ensuite, tenir un blog où l’on parle philo, capitalisme, queer et un peu bite aussi, plus un compte Facebook, un Instagram, un Twitter pour partager les expos d’art qu’on va voir, les chatons, les lectures. Autres options : tenir une chronique dans le Huffington Post ou tourner dans des clips de groupes pointus. Les nouvelles coqueluches du porno gay font un effet étrange à leur public : dès qu’on a streamé leurs films de cul, on a beaucoup plus envie de s’intéresser à leur vie privée qu’à leur activité godemiché. Les deux plus connus s’appellent Dale Cooper et Colby Keller, ils sont Baltimoriens, ont la vingtaine bien avancée, et sont un peu la version homosexuelle de l’actrice Sasha Grey, apparue chez Soderbergh. Tout cela a un nom : la «popnographie».

L'un et l'autre se présentent comme des étudiants en art devenus «sex workers», travailleurs du sexe, comme on est galeriste ou plombier. Colby Keller, le plus médiatisé, est décrit par le Huffington comme «introverti». En interview, il déclare des trucs genre «une grande partie de l'acte sexuel et l'intégralité de ce qu'on appelle "amour" est une tentative frustrée (mais immensément gratifiante, si on le fait bien) d'expérimenter la subjectivité d'autrui et de la partager». Nettement plus sexy que «ouvre ton cul», même si le sens est le même. Dale Cooper, quant à lui, vend ses dessins en ligne et s'