L’amour se vit principalement en couple. Conformisme social ou cadre immémorial de la vie à deux ? Chaque fin de semaine au mois d’août, «Libération» explore les liens ombrageux entre amour, érotisme et sexualité. Ce week-end, Claude Habib, ou le couple jusqu’au bout de l’ennui…
Sites de rencontres pour personnes mariées, géolocalisation de partenaires sexuels, pressions de la vie professionnelle et plus largement culte de l'individualisme. Que reste-il du couple à l'épreuve de la modernité ? Dans le Goût de la vie commune, Claude Habib, professeure à l'université Sorbonne-Nouvelle, défend, à rebours des turpitudes de l'amour contemporain, l'ennui. Etre capable de s'ennuyer ensemble serait la clé d'un couple durable. Propagande de grand-mère ou éloge de la vie à deux ? Spécialiste de la littérature du XVIIIe siècle, Claude Habib s'attaque à la société moderne, son consumérisme, son individualisme et sa «religion égalitariste».
Malgré sa connotation très négative, vous faites de l’ennui la condition sine qua non de la vie à deux…
Vouloir l’excitation permanente est puéril. Il y a de bonnes raisons de rompre, mais pas l’ennui. Retourner contre l’autre une monotonie qui est le mode même du couple, c’est faire un faux procès : on ne peut pas vouloir la stabilité et incriminer l’ennui. Je ne parle pas du spleen, mais simplement de l’état où il ne se passe rien, ce plateau continental de l’âge adulte. Je n’ai pas de recette pour la vie à deux, mais le minimum, c’est de s’entendre sur la recherche de l’entente. S’enten