Dans son nouvel ouvrage, les Excès du genre (Éditions Lignes), la philosophe et historienne de la pensée féministe Geneviève Fraisse revient sur les derniers débats autour de la question du genre et de la nudité en public qui anime la société française.
Comment expliquez-vous les attaques virulentes contre Najat Vallaud-Belkacem ?
C’est intéressant de prendre les attaques contre Christiane Taubira et Najat Vallaud-Belkacem ensemble. Elles sont des modèles et non pas des stéréotypes. Ce sont des figures singulières de réussite par-delà la catégorie à laquelle elles sont censées appartenir, à savoir les catégories femme, plutôt «assistante de direction» et pas ministre poids lourds. Ce sont ce que j’appelle des figures positives à laquelle on peut se raccrocher et s’identifier.
Il y a des ministres issus de la diversité que l’on n’attaque pas. Elles, on les attaque sur leurs couleurs et leurs patronymes parce qu’elles ont réussi en tant que femmes à transgresser la règle et à devenir des ministres importantes.
Dénie-t-on le droit à une femme noire ou d’origine étrangère d’avoir de telles fonctions ?
On dénie à toute femme de pouvoir accéder à de telles fonctions, simplement là, on a encore plus d’arguments offerts. Quand on traite Taubira de singe, ce n’est pas une attaque directement sur la femme, mais évidemment ce sont des femmes qui prêtent plus facilement à ce genre d’attaques.
Pour Najat Vallaud-Belkacem, il y a également la crispation sur la question du genre…
Le genre pour moi avant d'être un concept ou une théorie, est un champ de pensée. C'est le féminisme qui a réussi à porter cet objet de connaissance vers la recherche académique, en considérant qu'il y avait un matériau à connaître et à étudier. Ce qui es