Longtemps, je me suis masturbée sans porno. Née en 1980, je fais partie de la génération pas encore Y, la génération du porno-mensuel-de-Canal +. Génération, j’exagère, car dans mon collège, il n’y avait - officiellement - que les garçons qui regardaient du porno et qui se masturbaient. Pas les filles.
J'ai, à 15 ans, voulu découvrir ce territoire apparemment réservé à ceux qui étaient dotés d'un pénis. Après tout, cela semblait donner du plaisir, pourquoi est-ce que je n'y avais pas droit ? Dans ma chambre, je n'avais, comme image excitante, que le poster de Che Guevara, avec son gros cigare, punaisé à mon mur. C'était bien, mais un peu limité. Le premier film que j'ai regardé, donc, c'était un Dorcel, sur Canal +. Je me souviens avoir été légèrement excitée, mais surtout complexée par la taille de bonnet des actrices, et un peu traumatisée par la taille des membres des acteurs. Cela me semblait bien différent de ce que j'avais senti sous le jean de Nicolas, lorsque, lors de la dernière boum, on avait dansé sur Wind of Change, des Scorpions. Cinq minutes dix de bosse gênante sous le jean.
Dans sa tribune «Pourquoi j'ai arrêté le porno» (1), Ran Gavrieli raconte sa relation intime et complexe à la pornographie. Le professeur développe des arguments intéressants contre cette mise en scène de «sexualité sans les mains», qui a influencé négativement sa fantasmatique. M