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Libération
TRIBUNE

La nudité politique des femmes n’est pas érotique

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par un groupe de personnalités et d’associations
publié le 21 décembre 2014 à 17h26

Nous, féministes, dénonçons la condamnation d’Eloïse Bouton, militante féministe reconnue coupable d’«exhibition sexuelle» par le tribunal de grande instance de Paris le 17 décembre. Cette ancienne membre de l’association Femen, qui avait mené une action individuelle à la Madeleine en décembre 2013 pour dénoncer les prises de position de dirigeants catholiques dans les débats sur le droit à l’avortement en Espagne, a été condamnée à un mois de prison avec sursis et à verser à l’Eglise 2 000 euros de dommages et intérêts et 1 500 euros de frais d’avocat.

C’est la première fois depuis quarante-neuf ans qu’une femme est incriminée pour exhibition sexuelle en France. Le dernier cas remonte à décembre 1965 et concerne une jeune fille reconnue coupable d’outrage public à la pudeur pour avoir joué au ping-pong seins nus sur la Croisette à Cannes.

Bien que certain-e-s d’entre nous ne soutiennent pas l’idéologie de Femen, nous nous étonnons de la sévérité de ce verdict quand nous savons que d’autres personnes qui usent de la nudité pour véhiculer un message politique n’ont pas été inquiétées pour ces faits.

Les militants écologistes qui manifestaient nus en novembre 2012 contre la construction de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes, les intermittents du spectacle et le collectif Kamyapoil qui, totalement dévêtus, ont interpellé la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, sur la réforme de leur statut en juin 2014 et les membres des Hommen, mouvement masculin non m