Elle nous regarde avec la Lambada en fond sonore. L'œil coquin, les lèvres laquées, le soutien-gorge turquoise assorti au papier peint de sa chambre, Hornygirl (« fille chaude »), 25 ans, entame sa deuxième heure devant la webcam de son ordinateur. Elle attend le prochain client, dans un décor de lupanar moderne plus proche de D&CO que de l'Apollonide de Bonello.
Latine tendance ghetto, Hornygirl est l’une des 31 000 camgirls du site LiveJasmin. Pour 1,99 euro la minute (ou trois fois plus selon la popularité du modèle), on peut s’entretenir en privé avec une fille, un garçon, un trans ou un couple. LiveJasmin, c’est un peu Le Bon Coin du sexe virtuel sans la remise en main propre. Le choix y est proche de l’infini, le service permanent, l’usage d’une simplicité désarmante.
Sur la page d'accueil, non loin de « Horny », il y a Jasminmuslim, en hijab et collants fleuris, Katherine, une quinqua qui écoute All That She Wants, HappyAngelina la polyglotte, PrinceMike69 un « rêveur » de 24 ans. On n'a pas eu envie de cliquer sur l'onglet « enceinte » ou « en promo » qui figurent pourtant en bonne place à côté des rubriques «blondes», «brunes», «asiatiques». Tout le monde est noté, l'exhibitionniste (jusqu'à 5 étoiles) comme le mateur (selon les sommes dépensées).
Fondée en 2001 par un Hongrois de la net économie, LiveJasmin est la plus ancienne plateforme du genre et l'un des sites phares de la sphère du « X » (142e site le plus visité au monde selon la base de donné