On se souvient de notre petit frère, peut-être 7 ou 8 ans à l'époque, attrapant au vol une conversation d'adulte à un repas de Noël, probablement au moment des huîtres, et posant une question innocente : «C'est qui Rocco Siffredi ?» Sourires gênés autour de la table et silence. «Tu comprendras plus tard, mon fils», dira ma mère.
S’il y a un bien un nom qui, depuis des années et encore pour longtemps, a dépassé le monde du porno et peut s’immiscer, en toute tranquillité, dans les conversations familiales, c’est celui de l’acteur italien. Mille sept cents films, quatre fois plus de partenaires, un sexe gigantesque, à faire s’évanouir n’importe quel sculpteur de la Grèce antique, et une soif insatiable de baiser. Il est le seul, l’unique, le Priape moderne, symbole à lui tout seul des changements de la pornographie dans les années 80, alors qu’il n’était pas le premier, et de ses dérives des années 90, alors qu’il était loin d’être le pire. Combien de branlettes en regardant son vit flamboyant ? Combien de jeunes hommes traumatisés, persuadés qu’ils n’auront jamais un braquemart assez grand pour être viril ? A 52 ans, Rocco Siffredi a pris sa retraite, pour la deuxième fois, mais ce n’est pas facile. Il se met en scène dans un docu réalité avec sa femme hongroise et ses deux fils, a lancé une académie du sexe pour former les générations futures. Dans un milieu où cela finit souvent mal, surtout pour les actrices, dont il reconnaît lui-même qu’avec le système actuel, ce n’est plus que de la chair, il affiche une réussite particulière, par sa durée et sa dimension grand public. Un des rares à être sortis de sa fonction tout en continuant à faire l’hélicoptère avec son pénis. De là à trouver le bonheur ? Ouh là, il dit qu’il ne sera jamais heureux…