Lorsque le débat est clair, la discussion est plus agréable. L'artiste Valerie Solanas ne cachait pas son jeu. Avec elle, la vie était simple, poétique et violente. Dans son pamphlet antisociété patriarcale, Scum manifesto, écrit en 1967, elle annonce une guerre universelle et inéluctable. «Le mâle est un accident biologique», «une femme manquée», «une fausse couche ambulante», balance-t-elle. C'est écrit au lance-flammes, dans un lyrisme qui crache à la gueule de toutes les institutions. Féministe radicale, Valerie Solanas est l'unique membre de la Scum, Society for Cutting Up Men, l'association pour dépecer les hommes. Après des siècles de publications expliquant pourquoi le «sexe faible» est inférieur, il en fallait au moins bien une pour prendre le contre-pied total et réduire en bouillie le genre opposé. C'est en éliminant les hommes que l'on mettra fin à la guerre, à l'argent, au capitalisme, juge-t-elle. Ils sont tellement inférieurs que le combat n'aura pas lieu contre eux, mais entre les Scum, «les femmes dominatrices, à l'aise, sûres d'elles, méchantes, violentes, égoïstes, indépendantes» et les «Filles à son Papa, gentilles, passives, consentantes, "cultivées", […] qui préfèrent croupir dans le purin (là au moins le paysage est familier), s'accrocher aux singes, sentir Papa derrière et se reposer sur ses gros biceps, qui ont besoin de voir une grosse face poilue à la Maison Blanche…» En 1968, Valerie Solanas tira sur Andy Wahrol, qui survécut. Elle lui reprochait d'avoir perdu l'un de ses manuscrits, Up Your Ass. Après trois ans de prison, elle disparut peu à peu de la circulation mais, dans son rejet du biologique, sa foi en la science et sa proclamation des différences irréconciliables entre les hommes et les femmes, elle inspire encore des auteurs, parfois pas du tout féministes, comme Michel Houellebecq.
La fesse cachée du cul (17/37)
La fesse cachée du cul : Valerie Solanas
Le sexe a changé leur vie, ils ont changé la face du sexe.
Le Scum Manifesto de Vamerie Solanas (Olympia press)
Publié le 03/08/2016 à 18h01
Dans la même rubrique
Les plus lus