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Analyse

Les clandestins et la loi

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publié le 17 juillet 1996 à 8h08

Il n'est pas fréquent que la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme envoie une mission dans un pays comme la France. Son rapport sur la situation des étrangers, accablant, s'achève sur ce constat: «le traitement réservé à une des franges les plus vulnérables de la société a franchi le seuil de l'intolérable». Il n'est pas possible d'accepter que la République se donne une image de dureté repoussante au motif que les miséreux du monde seraient ainsi dissuadés d'y venir chercher refuge. L'espace démocratique européen doit-il s'entourer de remparts afin de repousser ces hordes qui attendraient que nous baissions notre garde pour fondre sur nos richesses et troubler notre bien-être? Faut-il continuer à considérer ceux qui frappent à notre porte comme des ennemis, qu'il convient d'enfermer et de refouler sans ménagement? La France vient de se faire condamner par la Cour de Strasbourg pour avoir détenu arbitrairement dans des conditions inadmissibles, avant de les renvoyer vers la Syrie, des Somaliens qui avaient eu la malencontreuse idée de demander l'asile" Dans cette logique s'organise une chasse cruelle contre ces intrus, dénoncés comme responsables de la maladie sociale dont souffre le pays et face à laquelle nos gouvernements successifs se révèlent impuissants. Tous les étrangers qui vivent ici ne sont-ils donc pas suspects d'être des clandestins dont il serait vital de se débarrasser pour vivre enfin en sécurité, à l'abri de la misère, du chômage et de l