Trop petits, trop coûteux, trop peu sûrs: de tous côtés, les
hôpitaux vivent à l'heure des remises en question, sous l'impulsion des Agences régionales de l'hospitalisation (ARH) mises en place par le gouvernement Juppé. Le mouvement n'épargne personne, et c'est ainsi que deux établissements de l'Essonne, ceux d'Evry et de Corbeil, invités à fusionner, s'affrontent sur fond de rivalité politique. Le vainqueur emportera le service de chirurgie viscérale, celle où l'on ouvre le ventre.
Mécontentement d'Evry. Les deux adversaires sont d'égale importance: 400 lits chacun, et des urgences qui, toutes spécialités confondues, accueillent dans chaque ville 40 000 personnes par an. Le 2 septembre, les propositions de l'Agence d'Ile-de-France, qui détient un pouvoir décisionnaire, ont mis le feu aux poudres: elle propose le regroupement de toutes les «urgences adultes lourdes» à Corbeil, ville de Serge Dassault (RPR). Ce qui n'est évidemment pas du goût de Jacques Guyard (PS), maire d'Evry.
«L'agence régionale a entendu les uns et pas les autres», estime Denis Labayle, chef du service de gastro-entérologie d'Evry. Le programme de fusion, explique-t-il, «convient à l'hôpital de Corbeil mais pas du tout à Evry». En acceptant que toute la chirurgie orthopédique et traumatique aille à Corbeil, Evry pensait conserver, au nom de l'équilibre, la chirurgie viscérale. «Tout concentrer est dangereux sur le plan humain et sanitaire», renchérit Patrick Alizon, au nom du principal syndicat de l'hôpit