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Libération

On enterre à peine les «chiens» de Stotzheim.Des gens du voyage campaient dans un chantier. Un bébé est mort noyé.

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publié le 20 avril 1998 à 23h15

Stotzheim, correspondance

Jacques Fuhrmann n'a pas cillé quand il appris la venue de personnalités pour les obsèques de son petit-fils, prévues aujourd'hui à Stotzheim (Bas-Rhin). Le secrétaire d'Etat au Logement, Louis Besson, et la secrétaire générale du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées, Michèle Aucouturier, ont en effet annoncé leur venue à la cérémonie. Trou d'eau. Epuisé de chagrin, Jacques Fuhrmann n'en a cure. C'est lui qui, le soir du lundi de Pâques, avait découvert le corps sans vie du petit Guy, âgé de 25 mois. L'enfant s'était noyé accidentellement dans un trou d'eau d'environ 2 mètres de diamètre et de 40 cm de profondeur, sur le chantier voisin du baraquement où avait été relogé la famille. Au lendemain du drame, les parents s'étaient heurté à de grosses difficultés auprès de la paroisse comme du cimetière communal, pour pouvoir enterrer leur fils. «Nous sommes pires que des chiens. Les chiens au moins on les enterre», soupire le grand-père. Le curé de Stotzheim a finalement accepté de célébrer les obsèques, vaincu par les protestations d'ATD Quart-Monde, qui épaule cette famille de 18 personnes depuis plusieurs années. L'avant-veille du drame, ce même curé avait refusé de baptiser un nouveau-né de la même famille...

C'est sans doute toutes ces marques d'hostilités qui ont poussé la jeune mère, Joséphine, à déposer plainte contre l'Etat, mercredi, auprès de la gendarmerie de Barr. Pour les Fuhrmann, la mort du petit Guy est la conséquence