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Libération

Par le codécouvreur du sida, une thèse dérangeante sur l'affaire du sang contaminé. Rozenbaum: il fallait attendre pour dépister.

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publié le 4 janvier 1999 à 23h25

«Dussé-je choquer, nous nous sommes trop précipités.» Et, quelques

phrases plus loin: «Je continue à penser que la mise en place des tests anti-VIH dans les centres de transfusion fut trop hâtive, d'autant qu'elle n'avait été précédée d'aucune mesure d'accompagnement.» Le professeur Willy Rozenbaum est catégorique. Et iconoclaste. A tout juste un mois du procès devant la Cour de justice de la République des trois ministres impliqués dans l'affaire du sang contaminé, son livre ­ histoire d'une vie et d'un combat, qui va sortir prochainement (1) ­ apparaît comme un véritable pavé dans la mare. Il prend en effet le contre-pied de l'accusation mais aussi celui de la défense, en mettant en avant des raisons sanitaires qui auraient dû conduire les responsables politiques à" retarder le dépistage systématique des dons du sang, alors qu'on leur reproche, justement, d'avoir trop tardé à le mettre en place. Une thèse paradoxale qui ne peut être balayée d'un revers de manche, car elle émane d'un personnage central dans l'histoire de la lutte contre le sida en France. Willy Rozenbaum, aujourd'hui chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Rothschild à Paris, a eu un rôle essentiel, non seulement dans l'isolement du virus, mais aussi dans le combat contre l'exclusion des malades et dans la mise en place d'outils de prévention. Se démenant pendant plusieurs années pour stigmatiser les retards sanitaires français et surtout un contexte de déni et d'indifférence très fort à l'ép